Histoires,  Témoignages

Mon portrait : le métier de mes rêves

Je vais vous raconter un moment important de ma vie, celui qui m’a permis de savoir ce que je voulais faire comme métier lorsque je serai grand. Lorsque j’étais à l’école primaire, en classe de CM1, je devais rejoindre mon oncle qui travaillait dans la rue derrière l’école. Il travaillait en tant que croc-mort dans des pompes funéraires musulmanes. J’entendais souvent parler ma mère en négatif de ce travail, comme quoi c’était une véritable horreur. Je n’avais jamais vraiment vu ce en quoi cela consistait. Jusqu’au jour où… 

 

Le vendredi soir, après l’école

Ce jour-là, je quittais l’école après 16h15, et je devais rejoindre mon ongle au salon funéraire dans la rue derrière l’école. Le ciel était très bleu et le soleil brillait, l’été pointait le bout de son nez. Je marchais jusqu’au lieu où je devais rejoindre mon oncle. Une fois arrivé, il me regarda avec un grand sourire et me dit : “tu veux voir en quoi consiste mon métier ? Tu es maintenant assez grand !”. C’est avec un grand sourire rempli de curiosité que je répondis “OUI !”. Mon oncle me priy par la main et m’entraîna à l’intérieur du bâtiment. En grand sur la porte, j’avais pu lire “Inhumation selon les rites funéraires musulmans Nord”. Je ne savais pas ce que cela voulait dire, mais j’étais sur le point de le découvrir. 

 

Je me suis rapidement retrouvé face à des gens en pleurs, qui se faisaient des câlins, mais je n’avais aucune idée de pourquoi. C’est la première question que j’ai demandé à mon oncle. Il me répondit, comme si c’était quelque chose de logique : “ils pleurent pour les gens qui sont morts”. Avant de me faire entrer dans une pièce très étrange. En observant, je remarquais une personne allongée et nue, qu’on était en train de laver. Du point de vue innocent d’un garçon de 9 ans, je demandais “Tonton, pourquoi cet homme lave une personne qui dort ?”. Dans un doux rire bienveillant, il me répondit :”Il ne dort pas mon grand, il est mort. On le lave et on réalise tous les rites funéraires musulmans pour le présenter à sa famille d’une façon présentable afin qu’ils puissent lui dire au revoir avant le jour de l’enterrement.”. 

La révélation

C’est à ce moment précis que je compris que c’était le travail que je voudrai faire lorsque je serai plus grand. Je voyais dans ce métier une façon bienveillante d’aider les gens à affronter l’une des pires choses qui puissent arriver sur terre : la perte d’un être cher. Grâce à nous, les morts seront toujours présentés d’une façon propre et bien habillée peu importe les difficultés qu’ils ont dû endurer avant de mourir (que ce soit un cancer, un accident ou juste la vieillesse). C’est aussi une façon de les rendre beaux pour cet au revoir déchirant et de leur permettre de garder pour toujours une belle allure. 

 

Aujourd’hui, j’ai 40 ans et ce souvenir ne m’a jamais quitté. Je travaille dans le même salon funéraire que mon oncle à l’époque et j’en suis ravi. Je me sens utile et humain avant tout, j’ai cette agréable sensation de rendre service aux vivants, à ce qui reste.

Commentaires fermés sur Mon portrait : le métier de mes rêves